Une rétrogradation acceptée peut toujours être contestée en justice
Ainsi, en matière de sanction disciplinaire, l'employeur ne peut pas prendre d'autres sanctions que celles qui figurent dans le règlement intérieur (Cass. soc. 26 oct. 2010, n° 09-42740).
La simple signature d’un avenant au contrat de travail d'un salarié portant sur la rétrogradation disciplinaire dont il fait l'objet, ne prive pas ce dernier de la faculté de contester cette sanction en justice. C'est en ces termes que se prononce la Cour de cassation dans une décision du 14 avril dernier (Cass. soc. 14 avril 2021, n° 19-12180).
Lorsque l'employeur estime qu'un salarié a commis une faute, plusieurs options s'offrent à lui. L'éventail des sanctions peut être assez large : le blâme, l'avertissement, la mutation, la rétrogradation et comme sanction ultime, le licenciement. Dans cette affaire, l'employeur a notifié au salarié une rétrogradation qui s'accompagne de fait d'une baisse de salaire.
Par principe, il est interdit à l'employeur de prononcer des sanctions pécuniaires (Art. L. 1331-2 du C. trav.), comme des retenues sur salaire, en réaction à une faute du salarié. Mais il existe des sanctions qui agissent directement sur le salaire. La rétrogradation en fait partie, puisqu'abaissant la position du salarié dans la hiérarchie de l'entreprise, elle entraîne, presque toujours, une diminution de sa rémunération. De même, pendant une période de mise à pied, le salarié ne sera pas payé, car de fait, il ne travaille pas.
Pourquoi accepter la rétrogradation ?
La rétrogradation modifie le plus souvent un élément essentiel du contrat de travail : le salaire. Pour cette raison, l'employeur a l'obligation de proposer expressément au salarié de l'accepter ou de la refuser. Ici, le salarié a été amené à contractualiser la sanction en signant un avenant au contrat de travail. Bien entendu, le salarié, et il y était invité, avait le droit de refuser la sanction. Mais en refusant, il prenait le risque d'une sanction plus importante, à savoir le licenciement. Ce dernier n'est alors pas fondé sur le refus de la sanction mais sur la faute commise.
Un droit du salarié à contester une sanction disciplinaire
La question était alors de savoir si le salarié pouvait contester sa rétrogradation disciplinaire en justice sachant qu'il l'avait approuvée.
Le salarié a saisi le conseil de prud'hommes pour qu'il annule la sanction. L'annulation a pour conséquence de rétablir le salarié dans ses droits. Il demande donc à retrouver son poste, sa qualification et sa rémunération antérieure à la rétrogradation. Ses demandes sont rejetées en appel sous prétexte que la signature de l'avenant entérinait une sanction qu'il avait acceptée. Le salarié ne pouvait soi-disant pas agir.
La Cour de cassation pointe l'importance du droit du salarié à ne pas renoncer à contester une sanction disciplinaire injustement infligée. Ce renoncement devrait pouvoir s'envisager dans le seul cadre d'une transaction.
La légitimité de la sanction sous le contrôle des juges
En cas de litige, le juge doit apprécier la régularité de la procédure suivie et si les faits reprochés au salarié sont de nature à justifier une sanction (Art. L. 1333-1 et L. 1333-2 du C. trav).
Il doit ainsi vérifier que l'employeur a prononcé une juste sanction (adéquate et proportionnelle à la faute). Si tel n'est pas le cas, il lui appartient d'annuler la sanction irrégulière en la forme ou injustifiée ou disproportionnée à la faute commise.
Les juges d'appel (relevons que les conseillers prud'hommes ont fait une exacte application des textes) ne doivent pas se délester d'une telle prérogative, quand bien même un salarié aurait accepté la sanction.