La preuve devant le juge prud’homal
Par Cindy Lhomond
La preuve judiciaire constitue la pierre angulaire du droit. La qualification d'une situation juridique dans un litige dépend consubstantiellement des éléments de preuve que l'on apporte ou que l'on demande au juge. La preuve désigne tantôt l'acte (le fait de produire), le moyen (la preuve en elle-même) et le résultat (faire la preuve).
Dans toutes ces acceptions, la preuve judiciaire a pour objectif de révéler une vérité aux yeux du juge ; elle doit avant tout le convaincre de la véracité –relative– de la situation exposée par le plaideur. Le droit de la preuve contient ainsi les règles de droit qui tendent à régir plusieurs aspects de la preuve. Depuis plusieurs années, les évolutions générales du droit de la preuve se concentrent sur deux corps de règles juridiques, celles relatives à la charge de la preuve et celles concernant la recevabilité des éléments de preuve.
La charge de la preuve renvoie à l'attribution de prouver, dont l'origine est légale ou jurisprudentielle. Elle désigne la personne qui doit apporter la preuve des faits allégués au soutien de sa prétention. Cette désignation dépend parfois de la nature du litige soumis au conseil de prud'hommes. La recevabilité de la preuve renvoie aux règles d'admissibilité de la preuve en justice. Classiquement, la recevabilité de la preuve était conditionnée au respect de la licéité de la preuve.
À quelques exceptions près, le principe général était le suivant : la preuve ne devait pas porter atteinte à un autre droit ou être collectée de manière déloyale. Cependant, des évolutions marquantes ont modifié en substance la recevabilité des preuves en justice avec l'arrivée d'un «droit à la preuve». L'objectif du dossier consiste ainsi à exposer l'ensemble des évolutions générales relatives à la charge de la preuve et à la recevabilité de la preuve en matière prud'homale. Ces évolutions ne s'appliquent pas au procès pénal qui connaît quelques particularités.