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Mise à l’étroit du CE...

Publié le 20 janvier 2015
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Mise à l’étroit du CE...

Mise à l’étroit du CE...

L'employeur a l'obligation de fournir au comité d'entreprise (CE) un local aménagé. Vl'a t'y pas qu'un comité d'entreprise partageait un local avec le seul syndicat représentatif présent dans l'entreprise. À la suite des élections, un second syndicat est devenu représentatif.

Le compte personnel de formation (CPF) et le conseil en évolution professionnelle sont entrés en vigueur le 1er janvier 2015. Quelles sont ces appellations techniques ? Rien de révolutionnaire, juste les deux dispositifs phares de la nouvelle réforme de la formation professionnelle.

Fruit de l'accord national interprofessionnel (ANI) du 14 décembre 2013 – non signé par la CGT, côté salariés, ni par la CGPME, côté employeurs (voir l'entretien p. 26) –, la loi relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale date du 5 mars 2014. Sur le papier, elle prétend « orienter les financements vers les salariés qui en ont le plus besoin (bas niveaux de qualification, demandeurs d'emploi, salariés des TPE), obliger les entreprises à former plutôt qu'à payer et donner plus de place au dialogue social et à l'initiative du salarié pour construire les parcours de formation ». Mais, contrairement aux réformes de 2003 et 2009, qui avaient acté de nouveaux droits pour les salariés et des financements supplémentaires, cette nouvelle réforme pose les bases d'un désengagement des entreprises avec « une baisse de plus de 2 milliards d'euros de contribution des employeurs au financement de la formation professionnelle », relève, chiffres à l'appui, Paul ­Desaigues, conseiller formation professionnelle à la CGT. Et de chiffrer à près de 30 % la réduction des obligations des employeurs. « Cette réforme, abonde Laurent Milet, rédacteur en chef de la Revue pratique de droit social, dont le n° 833-834 entièrement consacré au sujet, est arrimée à la logique de course à la compétitivité par la réduction du coût du travail dans le cadre du pacte de responsabilité, dont le leitmotiv est le rétablissement des marges des entreprises par de nouvelles exonérations de contributions patronales. » Et de résumer l'essence des nouvelles dispositions dans l'intitulé de son éditorial : « Un droit virtuel à la formation ».

Les entreprises françaises ne sont pas assez matures et responsables pour être libérées de l'obligation légale de formation… ”

Jean-Philippe Peugeot, PDG d'Établissements Peugeot Frères, le 2 décembre 2014.

En clair, sur le papier tout apparaît plus possible que jamais, mais concrètement le financement n'a jamais été aussi peu obligatoire. Bien sûr, certains aspects intéressent (voir les témoignages p. 28 et 29), comme celui du compte personnel de formation (CPF), figure de proue de cette réforme, qui remplace le droit individuel à la formation (DIF). Attaché à la personne et non plus au contrat de travail, le CPF est transférable et permet à tout salarié à temps complet d'acquérir tout au long de sa vie professionnelle – dès 16 ans et jusqu'à sa retraite – deux heures par mois jusqu'au cumul de 120 heures, puis une heure par mois jusqu'à 150 heures au maximum. « Chaque salarié, dans l'emploi ou privé d'emploi, est depuis le 1er janvier 2015 titulaire d'un CPF doté des heures de DIF disponibles au 31 décembre 2014, résume Paul Desaigues. Mais les financements légaux sont à ce point indigents que pour beaucoup, son usage risque de n'être qu'une arlésienne. » Avec 0,2 % de la masse salariale consacré au CPF – hors abondement volontaire des entreprises –, c'est environ 1,2 milliard d'euros qui lui serait dédié 1. Or, en prenant un taux prudent de 5 % de salariés utilisant ce dispositif, il coûterait déjà entre 5 et 6 milliards 2…

Les institutions représentatives du personnel (IRP) sont officiellement propulsées en première ligne, mais restent consultatives. Les élus des CE seront invités à porter les demandes des salariés et les organisations syndicales seront amenées à négocier les augmentations de contribution au plan de formation de la part de l'employeur ou par accords de branche, mais toute contribution supplémentaire restera conventionnelle. Les seules obligations pour l'entreprise sont celle dite « de formation d'adaptation au poste ou liée à l'évolution ou au maintien dans l'emploi », mais quid des moyens financiers prévus à cet effet puisque l'obligation de financement de 0,9 %, au titre du plan de formation de l'entreprise, a été supprimée. C'est dire si la bataille syndicale et le rapport de force seront décisifs pour revendiquer l'orientation du plan de formation et l'obtention de financements supplémentaires.

La CGT n'a cessé de critiquer le déséquilibre de cette réforme dès les premières séances de négociation. Aujourd'hui, de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer le décalage entre les ambitions affichées et les financements en baisse. C'est dans ce contexte et dans une logique combative que la CGT a organisé, les 11 et 12 décembre derniers, les assises nationales de la formation professionnelle, avec pour thème : « Un an après la fin de la négociation formation professionnelle, quelle démarche CGT pour une réforme utile aux salariés ? » L'objectif était d'informer les 300 participants, d'analyser avec eux les enjeux et d'établir des revendications communes. « Notre environnement idéologique et sociétal est de plus en plus individualisé et la CGT reconnaît qu'il faut des droits individuels, explique Djamel Teskouk, conseiller formation professionnelle à la CGT. Mais ce droit que constitue le CPF est un droit d'initiative du salarié qui ne peut devenir effectif que s'il s'appuie sur des garanties collectives. C'est pourquoi il faut construire une démarche collective pour s'en saisir. »

  1. Ces chiffres (1,2 milliard d'euros et 5 %), cités par les économistes Pierre Cahuc et Marc Ferracci dans la note qu'ils ont produite pour le Conseil d'analyse économique, confirment la pénurie de moyens alloués.
  2. Le calcul serait le suivant : 5 % de 20 millions de salariés = 1 million. Coût fourchette basse d'un CPF : sans rémunération = 1 500 € ; avec rémunération = 4 500 €. Besoin de financements = 4,5 milliards a minima. Si on se réfère à tous les actifs, les chiffres fluctuent entre 24 et 40 millions d'actifs.