Le jugement des coiffeurs
Vl'a t'y pas qu'un garçon coiffeur en période d'essai avait été absent un jour pour maladie. Il avait eu par ailleurs la désagréable surprise de recevoir un SMS qui ne lui était pas destiné et par lequel sa manager laissait clairement entendre qu'elle allait rompre la période d'essai tout en traitant au passage l'intéressé de « PD ». Le lendemain, l'employeur a mis fin à sa période d'essai.
Les conseillers prud'hommes ont validé la rupture du contrat par une motivation qui se rapproche davantage de la beaufitude que de l'analyse juridique des faits qui leur étaient soumis. En effet, pour écarter la discrimination, les conseillers ont considéré que le message de la manager ne pouvait être considéré comme propos homophobe car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes !
Ce qui ne l'a pas empêché dans le même temps de justifier la décision patronale en raison des difficultés d'intégration du salarié ! Sans doute ce dernier doit-il s'estimer heureux d'avoir obtenu des dommages-intérêts, le terme de PD ayant été reconnu (quand même) comme injurieux.
Sans vouloir couper les cheveux en quatre si j'ose dire, deux remarques s'imposent.
D'abord, les juges prud'homaux en l'espèce n'ont pas rendu service à l'institution, ce qui alimentera encore une fois la campagne sur la soi-disant incompétence des juges non-professionnels. Ensuite et surtout ils avaient là l'occasion unique de sanctionner l'employeur en caractérisant une double discrimination avec comme conséquence la nullité de la rupture du contrat.
Ce qui aurait eu valeur d'exemple pour d'autres conseillers plutôt que ce jugement des coiffeurs que j'aurais laissé cloué sur le banc des remplaçants si j'avais été sélectionneur !