Faire grève de nuit… nuit !
Comme souvent à la SNCF, les salariés sont contraints de se mettre en grève suite à des revendications qui sont restées sans réponse de la direction. Tel était le cas d'agents en charge de la maintenance et des travaux, intervenant quasi exclusivement de nuit.
Vl'à-t'y pas que dix jours après le début de la grève, la direction, invoquant « le ralentissement trop important de la production de nuit » (mais en réalité estimant, sans le dire, que le taux de gréviste était trop important à son goût), a affecté en horaires de jour des salariés initialement affectés de nuit. Inversement, elle voulait faire travailler davantage de nuit des salariés travaillant normalement le jour.
Le tribunal judiciaire de Bobigny a modérément apprécié ce tour de passe-passe. S'il n'est pas interdit à l'employeur d'organiser l'entreprise pour assurer la continuité de son activité pendant une grève, encore faut-il que l'organisation adoptée ait pour but d'assurer cette continuité et non, seulement, de soustraire des salariés grévistes au créneau de travail visé par le préavis.
L'employeur n'ayant pas démontré la pertinence des mesures adoptées, il est apparu aux juges que les mesures de changement d'horaire litigieuses, appliquées de manière collective à des salariés identifiés comme grévistes, avaient eu pour objet de limiter l'exercice de leur droit de grève. Le tribunal a donc ordonné le 12 mars 2021 à la SNCF de rétablir l'organisation de travail antérieure à la grève.
Moralité : faire grève de nuit… nuit à l'employeur !