Des vessies pour des lanternes
Notre ministre du Travail a annoncé que la « réforme » de l'assurance-chômage s'appliquerait bien au 1er juillet 2021, contre l'avis unanime des syndicats.
Vl'à t'y pas que pour faire passer la pilule, elle affirme que le gouvernement aurait bougé sur les paramètres pour atteindre le bon équilibre. Sauf que non, à y regarder de plus près.
L'ouverture des droits reste après six mois de travail. Elle n'est abaissée à quatre mois que temporairement, jusqu'à ce que le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A baisse de 130 000 sur six mois et qu'il y ait 2,7 millions d'embauches de plus d'un mois sur quatre mois. L'arbre cachant souvent la forêt, la disparition du rechargement des droits est confirmée puisque les conditions demeurent les mêmes que pour ouvrir droit à indemnisation.
La dégressivité des allocations de 30 % est elle aussi maintenue pour les chômeurs de moins de 57 ans gagnant plus de 4 500 euros brut mensuels. Elle commencera au neuvième mois, puis au septième – comme prévu au départ –, si les mêmes deux indicateurs s'améliorent.
Quant au nouveau mode de calcul du salaire de référence qui fixe le montant des allocations, il sera bien mis en place avec, à la clé pour les 800 000 chômeurs qui ont alterné emplois courts et chômage, une indemnisation inférieure de 20 % en moyenne, même si un plancher est prévu, et si l'indemnisation sera plus longue.
Quant aux patrons, ils peuvent dormir tranquille : la taxation des contrats courts demeure dans son principe, mais ses insuffisances ne sont pas corrigées.
Notre gouvernement, droit dans ses bottes, a donc bien l'art et la manière de faire passer des vessies pour des lanternes.